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la Reina Rosalia

Ce dimanche, lors du festival We Love Green, Rosalia à délivré un spectacle électrique, inclassable, où le Rn’B rencontre la trap et le flamenco. Elle a imposé son style unique à un public conquis et en transe.

Dans une ambiance de festival d'été, dans le cadre de verdure du Parc de Vincennes, il y a quasiment toujours deux concerts qui se donnent, le dilemme du festivalier est permanent. Devant la scène «canopée», les choix sont faits. Un quart d’heure avant le concert, en fin d’après-midi, la fosse est quasi-pleine, et des personnes soucieuses de se faire une place devant la scène arrivent de toute part. A 19h45, la température sous le chapiteau est encore plus élevée et depuis cinq minutes une foule impatiente scande le nom de celle que l’on attend, et l'accent espagnol crie plus fort que les autres.

Le spectacle commence à l’heure dite et Rosalia emmène le public dans son tempo dès le premier morceau, «Pienso en tu Mira». La mélodie sucrée et les rythmiques breakbeat flamenco sont soutenues par les chorégraphies décidément urbaines de Rosalia et ses danseuses. L’ensemble dégage une énergie de dingue. Les morceaux s’enchaînent. Rosalia alterne les ambiances vénères et rythmiques, avec des solos de danse et voix torturés où à chaque acclamation du public, elle va aller chercher encore plus profond la douleur sourde qui vibre en elle. Un chœur de cinq «palmeros» chantent et frappent dans leur mains les antiques compas flamenco, pendant qu’a l’autre bout de la scène son producteur, "El Guincho", frappe les beats et déclenche les boucles électroniques. L’ensemble est hypnotique. Quelques moments, le temps s’arrête. Avec «De Aqui no sales» mélange de complainte flamenca où les percussions sont remplacées par des bruits de moto. Sur «A Ningun Hombre» la voix de Rosalia chante comme on prie, avec pour seul accompagnement des choeurs de vocoders aux harmonies qui frottent. Certains pleurent. On entend: «Reina» ! Le duende est là. Si cet état ultime de transe émotionnelle unissant musiciens et public recherché lors des récitals de flamenco devait représenter l’esprit du flamenco, alors on peut dire que cet esprit était là. Et pourtant ce n’est pas du flamenco. C’est nouveau. Sur scène, Rosalia représente un féminin complexe. Puissant, sauvage, sucré, sensible et dangereux. Badass tantôt rose bonbon tantôt écorchée vive. Après avoir joué le reggatonesque «Con Altura» son dernier single, Rosalia conclut son set avec «Malamente», le morceau qui l’a révélé lors du Sonar Festival. Une trap bien grasse basée sur des rythmiques flamenco, pas évidentes pour le novice mais que le public chante par coeur dans une excitation presque enfantine.

Le deuxième album de Rosalia, dont étaient issus la plupart des morceaux, a déjà joué sur beaucoup d’enceintes bluetooth à travers le monde. A Paris elle est venue nous dire qu’elle est faite pour la scène, les plus grosses scènes.

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David Nadasi

gaucher évolutionnaire


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